Tentation de la morale

Je suis effrayé et souvent en colère par les multiples vidéos, ouvrages et formations au coaching qui ne sont qu’une succession de préceptes ou de recommandations qui, au final, développent une morale.

Un vrai code des devoirs, nourri d’injonctions pour obtenir les clés du nouveau royaume céleste de l’épanouissement, de la réussite ou de la reconnaissance.
Le coaching n’est plus un accompagnement, il devient une ordonnance, nourrie de « tu dois » (au mieux « tu devrais ») et de « il faut que » (au mieux « il faudrait que »…). Gare à ceux qui ne sauront pas respecter les préceptes de cette nouvelle morale !
A la manière des exercices spirituels, plusieurs vidéos et ouvrages proposent des exercices qui modélisent, à l’opposé des expériences qui ouvrent à la nouveauté. Certes, ce marché de la morale de la réussite est porteur. La tentation est réelle d’être les prêtres de la bonne parole du succès ou de la performance.
C’est tellement plus facile que de pratiquer l’art délicat du coaching. Nous sommes aux antipodes du libre arbitre, de la singularité ou du respect des ressources et des limites de nos clients qui fondent le travail du coach. L’accompagnement relationnel que nous pratiquons n’est pas jalonné de préceptes. Il n’est pas un nouveau chemin de croix aux étapes obligées qui exigent obéissance pour arriver au nirvana final du succès, lui-même au service des exigences de performance et de rentabilité de l’entreprise. Il est une lente construction nourrie d’observations, de questionnements, d’interprétations, de désirs et d’imaginaires, d’expériences, de créativité. Les liens entre le coach et le coaché vont offrir un espace de reconnaissance, ouvrant au courage de la nouveauté et du changement.
Je crois essentiel – et en cela je défends mon métier de superviseur – de prendre le temps de nous interroger, en supervision et en covision sur notre anthropologie, notre éthique ou le sens du coaching. Qu’est-ce que je fais, pourquoi et comment ? Qu’est-ce que j’induis ? Et dans quelle intention ?
Le risque de la moralisation est bien là.

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